Divertissement
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Gjon's Tears sort son premier album "The Game" le 28 avril. (EMMA BIRSKI)
Le jeune artiste suisse a dévoilé son premier album, "The Game", le 28 avril dernier. Il y mêle ses influences musicales avec un ton mélancolique. Nous l'avons rencontré pour l'occasion.
Depuis sa participation et troisième place à l'Eurovision 2021 à Rotterdam, Gjon's Tears ou Gjon de son vrai nom, Suisse d'origine albanaise, s'est installé dans la capitale française pour concrétiser un rêve d'enfant. Vendredi 28 avril, il a sorti son premier album intitulé The Game. Mais à seulement 24 ans, le jeune chanteur très solaire a déjà vécu mille vies.
Gjon's Tears ou les larmes d'un grand-père
"La première fois que j’ai chanté, c’était pour mon grand-père. J'avais sept ans", raconte Gjon avec un sourire en coin qui laisse transparaître son émotion. Ce fut l'un des moments les plus importants de sa vie. Il marquera le début de sa "carrière" d'artiste : "Il m'a demandé de lui interpréter sa chanson préférée, Can't Help Falling in Love d'Elvis Presley. A ce moment là, je ne chantais pas du tout donc je l’ai apprise phonétiquement. Il s’est mis à pleurer devant moi. Ses larmes ont été très importantes parce dans la culture albanaise les personnes âgées sont des symboles de force et de puissance, elles sont censées rester de marbre. Je me suis donc senti comme un super héros. C’est pour ça que j’ai voulu garder ces larmes dans mon nom de scène : Gjon’s Tears, les larmes de Gjon".
Son grand-père était un mentor pour lui : son "manager de l'époque" comme il l'aime l'appeler. Il se démenait pour lui dégoter les meilleurs castings. Le jeune chanteur de neuf ans enchaîne alors les émissions télévisées en Albanie d'abord, en Suisse puis en France.
"J’ai fait beaucoup d’émissions parce que c’était une autre époque, le pouvoir des réseaux sociaux était moindre. Je pouvais participer à une émission comme participer à un jeu parce qu'il n'y avait pas de replay. Ce n'était pas un truc qui était rediscuté sur Twitter donc c’était vraiment un jeu pour moi. C’était un endroit où je pouvais me tromper", explique Gjon avec une pointe de nostalgie. A treize ans, le musicien a un déclic et décide d'arrêter les castings : "Il fallait que j’arrête de chanter, il fallait surtout que j’apprenne à écouter. Le plus important en tant qu’artiste ce n’est pas de jouer, c’est d’écouter. L’écoute est plus importante que l'interprétation. J'ai découvert plein de styles musicaux différents comme ça", avoue-t-il.
C'est à ses 18 ans que Gjon commence à composer : "J’ai fait partie d’une académie où j'ai créé mon groupe. On a fait beaucoup de festivals en Suisse grâce à cette académie. Ma maman m'a filmé sur un des festivals et elle l'a envoyé à la production de TF1 sans me le dire. Suite à ça, j'ai fait les castings de The Voice, j'étais dans l'équipe de Mika et ça s'est très bien passé. Je suis allé jusqu'à la demi-finale. J'étais très heureux".
L'Eurovision, une étape clé
Mais le moment charnière de sa carrière, c'est évidemment sa participation et sa troisième place au concours de l'Eurovision en 2021 : "Je cherchais une crédibilité, une confirmation par le monde professionnel mais aussi par le public. Evidemment The Voice c’était génial mais pour moi ce n'était pas encore une validation parce que ça touchait uniquement la France. Là j’avais vraiment envie d’avoir une validation internationale. Finir premier du jury et troisième du public, c'était un moment extraordinaire. Je l’ai ressenti comme une validation professionnelle. Je me suis dit maintenant j’ai prouvé et je me suis surtout prouvé que j’étais un artiste".
"Cela dit", nuance le chanteur, "l'expérience de The Voice m'a donné la confiance nécessaire pour l’Eurovision et surtout pour oublier les chiffres... Parce que lorsque tu sais que tu as 180 millions de personnes qui te regardent, que s’il t’arrive un truc stupide, c’est marqué à vie, c’est extrêmement impressionnant et stressant", se souvient-il. "Mais sur la scène de l'Eurovision, je me suis senti tellement prêt que j’ai pu donner ce que je voulais, les gens ont senti cette sincérité là dans ma voix", confie Gjon.
Gjon mesure aujourd'hui l'étape franchie. "On a travaillé des mois pour trois minutes, pour une chanson, pour une mise en scène, pour des lumières. Recevoir cette récompense à la fin, c'était une réelle consécration. J'ai su à ce moment-là que je devais faire de la musique, j’en avais la certitude", continue Gjon.
Une collaboration de rêve
Après toutes ces expériences enrichissantes, l'artiste de 24 ans a enfin concrétisé ce que rêvent tous les jeunes chanteurs : un premier album. A travers ce projet, Gjon's Tears souhaitait se présenter, montrer qui il était en tant qu'artiste mais surtout dévoiler toutes les facettes de sa personnalité et de son talent en mélangeant toutes ses influences musicales : "Je suis Suisse d'origine albanaise et je chante en français et en anglais. C’est le côté multiculturel qui est important pour moi, c'est une véritable richesse. C’est une chance d'avoir différentes palettes de couleur sur lesquelles on peut aller s’inspirer. Ensuite on vend son propre tableau, un projet unique".
Pour réaliser ce premier album, Gjon s'est installé à Paris pour se rapprocher de la culture francophone parce que "c'est ici que tout se passe", mais surtout parce qu'il rêvait de collaborer avec Zazie : "Je suis un très grand admirateur de son travail. Je trouve que c’est la meilleure autrice-compositrice-interprète actuelle. Je la compare avec Radiohead. Pour moi, c’est la même autrice qualitativement. Ce qu’elle fait c’est vraiment quelque chose de subtil avec de la dentelle, avec beaucoup d’intelligence musicale. Mon rêve s'est réalisé, on a travaillé ensemble sur la chanson Un coeur qui cogne".
Un album éclectique et nostalgique
Treize titres, treize inspirations différentes. Il était important pour le musicien de faire un disque très éclectique : "Je ne voulais pas que mon album aille seulement dans une direction, c'est plutôt un puzzle avec des influences rock, disco ou des choses plus instrumentales". Et rien n'est pas laissé au hasard : "J'avais vraiment envie d'ouvrir cet album avec un synthé qu’on retrouve dans l’album Kid A de Radiohead. C'était aussi un clin d'oeil au réalisateur musical avec qui j’ai travaillé, Tim Bram. Il a travaillé avec Birdy, London Grammar ou encore Paul McCartney. Il était là quand Radiohead a enregistré ce fameux album".
L'album joue beaucoup sur la dualité entre la mélancolie et la nostalgie : "La mélancolie, je la vois comme de la tristesse du passé et la nostalgie, la joie du passé", mais aussi celle entre la vie et la mort : "L’album s’appelle The Game parce que chaque chanson est comme une manche gagnée ou perdue mais ce n'est pas parce qu’on a perdu une manche qu’on a perdu la partie donc il faut continuer de se battre, continuer à jouer le jeu. Les gens disent souvent que le plus important c’est le processus, le chemin qu’on fait avant d’arriver à savoir si on a gagné ou perdu la partie. Moi je dirais que ce qui est important, c’est pas le processus mais c’est le fait de revivre le processus comme si c’était la première fois. Je suis tellement content qu’il y ait encore des gens comme ça. C’est ça que je trouve beau dans la vie. C’est ce que la chanson Pure raconte et c’est ça que j’ai envie que les gens comprennent avec ce disque".
Mais le dénominateur commun de ce projet reste la voix puissante et touchante de Gjon : "Peu importe l’arrangement, je voulais qu'on retrouve cette voix au centre parce que je pense que c’est ce qui me définit. J’espère que ça sera ce qui restera dans mon histoire".
Gjon's Tears au Café de la Danse, à Paris, le 13 mai à partir de 20 heures
Source: Franceinfo
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